«Ça piaule assez dur. La mer est conne, mais cela ne nous empêche
pas de mener le bourrier à 25 noeuds. Le plus dur, c'est d'essayer d'oublier le délire ambiant pour enfin fermer les yeux. C'est le Bronx.» Ce télex signé Loïck Peyron, jeudi 15 août, ne masquait pas les difficultés de navigation de la fin de la Transat Québec-Saint-Malo. Avant l'accalmie. Arrivé en tête au rocher du Fasnet, au sud de l'Irlande, dimanche matin, l'équipage de Fujicolor II a conservé son avance dans le très petit temps régnant en Manche. Résultat: victoire et nouveau record de l'épreuve en 7 jours 20 heures 24 minutes et 43 secondes. Cette édition de la Transat «à l'envers», d'ouest en est, s'est courue dans des conditions homériques, avec peu de répit pour les équipages. Après avoir quitté les eaux encombrées du Saint-Laurent, la semaine dernière, les bateaux ont vite essuyé la tempête dans l'Atlantique. «On avait un vent de travers, presque contraire, explique Peyron. Ça formait des tremplins toutes les dix secondes. On décollait sur une vague, on plongeait sur la suivante, on redécollait et ainsi de suite. Ça a duré quatre jours. Un bain interminable. On a été rincé sans interruption.»
Fujicolor II menait alors la course depuis la sortie du Saint-Laurent devant Paul Vatine, sur Région-Haute-Normandie, et Francis Joyon sur Banque-Populaire. Profitant de la belle dépression, Peyron annonçait confiant: «Les vents changeront, mais elle nous mènera jusqu'en Irlande.»
Dimanche, à 6h18, sans avoir