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Libération

Maître Ho, sur sa planche perchéA Hawaii, patrie du champion, le surf est un loisir, une coutume, voire une philosophie.

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publié le 21 août 1996 à 9h24

On ne dérange pas un Hawaiien pendant la sieste. S'il se lève, il va

jauger la mer. Et si elle n'est pas à la hauteur, il s'en retourne tout en souplesse vers la fraîcheur. Surfeurs professionnels ou pas, les Hawaiiens décident eux-mêmes de l'opportunité de s'énerver, mais de s'inquiéter, jamais. D'une manière générale, ces petits hommes de caractère aiment bien qu'on leur foute la paix.

Guitare. Quand pour la première fois de l'Histoire, dimanche dernier, le syndicat des surfeurs emmenés par l'Américain Rob Machado fit irruption dans le préfabriqué des organisateurs du Lacanau Pro pour refuser de se mettre à l'eau faute de vagues, Derek Ho, 32 ans, vétéran de la colonie au poil noir, était au milieu des siens, assis en rond, peinard. Il disait qu'il en pinçait pour sa guitare. Une toute petite. Avec quatre cordes en Nylon. Rien à voir avec un ukulélé. Autre chose. Un truc qui fait: ping! quand on tire dessus. Il la titillait amoureusement en attendant que la terre tourne. «Nous avons réalisé que nous avons le pouvoir. Ils nous baladent autour du monde comme des marionnettes. Ils disent vous allez faire ci, vous allez aller là, eh bien maintenant: Non.» De toute façon, maître Ho est à des milles du problème. Maintenant, affublé d'un tee-shirt qui lui cache le visage, parce qu'il a oublié ses lunettes de soleil, il relativise: «Petites vagues, c'est un caprice de mère nature.»

Derek Ho, champion du monde en 1993, pendant que Kelly Slater jouait les jeunes premiers dans Alerte à