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L'automutilation comme dopageDes coureurs handicapés s'infligent des sévices pour accroître leurs performances.

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publié le 23 août 1996 à 9h18

Aux tout premiers jours de Jeux paralympiques qui rassemblent en ce

moment les handicapés du monde entier à Atlanta, les médecins des fédérations présentes ont été convoqués dans une petite salle par le Comité paralympique international. Ordre du jour: la chasse au boosting, considéré comme une méthode de dopage spécifique aux handicapés. Des points d'interrogation ont plané au-dessus des têtes lors du tour de table. Car le procédé est à peine croyable. Volonté exacerbée de victoire, dérision ou vengeance envers un corps qui a trahi, certains handicapés se plient eux-mêmes à des méthodes qui tiennent plus des sévices corporels que de la rigueur du plus dur des entraînements pour améliorer leurs performances. Os brisés, fonctions naturelles bloquées... c'est l'automutilation pour gagner.

Le boosting s'applique exclusivement à des handicapés paralysés, et précisément à des paraplégiques dont la moelle épinière a été sectionnée totalement, au moins au-dessus des abdominaux. «La partie inférieure du corps qui est totalement déconnectée des centres nerveux centraux a tout de même une activité réflexe connue médicalement sous le terme d'hyperréflexivité autonome», explique le Dr Jean-Claude Druvert, médecin chargé de l'athlétisme de haut niveau à la Fédération française handisport. Il est resté interloqué par l'exposé du Comité paralympique. Les athlètes, spécialement ceux qui concourent sur les longues distances entre le 1.500 mètres et le marathon en fauteuil roulant, s'infliger