Sarajevo envoyé spécial
Quand, à la fin de l'hymne bosniaque, au sortir de volières posées sur le tartan neuf, des pigeons gris et sales tentèrent de s'élever par-dessus la pelouse synthétique, le public hésita entre les rires et les pleurs. Alors il applaudit avec gaieté ces volatiles imparfaitement symboliques, mais qui malgré tout avaient partagé ces dernières années avec eux. Hier, sous un ciel automnal, les Sarajéviens ont vécu un après-midi olympique, entre eux, pour eux. Peut-être, aussi, pour exorciser quelques démons.
Il était midi lorsque le ciel s'éclaircit. La piste de l'aéroport, avait séché, autorisant l'atterrissage du dernier charter d'athlètes. Ils se retrouvaient donc quatre-vingts champions (dont huit médailles d'or olympiques)dans les vestiaires. Joyeux eux aussi d'être là. Impatients de courir, de faire plaisir à ceux qui les attendaient.
Mais ceux-là n'avaient pas attendu de connaître le nom des compétiteurs pour se rendre au stade. Dans une ville paralysée par l'événement, tout au long d'une route pavoisée aux couleurs du président Izetbegovic, une longue file s'acheminait depuis la matinée vers son stade olympique. Des familles, beaucoup d'enfants qui n'ont pas vécu les Jeux d'hiver 1984, la vraie olympiade, des bandes de jeunes en vacances, des sportifs et des chômeurs. Quarante-cinq mille personnes pour trois heures de sport, de fête et de cérémonie.
«Nous avions imaginé le meeting pour qu'il soit plus qu'une fête de performances», expliquait Jean Pocz