Quand on pénètre sur le carreau de Fontainebleau, où s'est déroulée
dimanche la finale du Master européen de jeu de paume, une question immédiate surgit: est-il possible que le 20 juin 1789 à Versailles, la totalité du tiers état, 578 députés, se soit rassemblée dans un espace si restreint à peu près la surface délimitée par les lignes de simple d'un court de tennis pour s'engager «à ne jamais se séparer et à se rassembler partout où les circonstances l'exigeraient jusqu'à ce que la Constitution fût établie et affermie sur des fondements solides»? Corollaire: le serment du Jeu de paume que les historiens identifient comme Révolution juridique ne serait-il pas le fait d'une minorité aussi décidée qu'apte à la pratique politique?
6 000 pratiquants dans le monde. Avant même de voir fuser la première balle, il ressort donc que le jeu de paume est un sport remarquable pour deux raisons: il doit être le seul qui permette de remuer d'aussi graves problèmes, le seul également qui suscite un maniement si avisé de l'imparfait du subjonctif. A peu près en même temps, et ceci n'est peut-être pas étranger à cela, un carreau de jeu de paume apparaît comme un très beau terrain de sport. Celui de Fontainebleau, haut d'une dizaine de mètres, est éclairé par des verrières superbes qui mettent en valeur les reliefs inusités de l'aire de jeu: le sol carrelé, les galeries de bois qui la bordent sur deux côtés, le filet mollement tendu sur une corde recouverte de velours.
C'est un lieu de pur p