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Libération

A Newport, le rugby déchante sous la pluie. Battus à Montferrand, les Gallois ne se remettent pas du passage au professionnalisme.

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publié le 4 novembre 1996 à 2h06

Newport (pays de Galles)

envoyé spécial Nuit noire, trottoir anthracite, brique rouge, et la pluie qui crépite. Les Anglais disent de Newport qu'elle est «leur» Marseille pour faire comprendre que cette ville frontière par son taux de chômage, de vol à la tire et de criminels, est pauvre et presque étrangère. Rodney Parade aurait effectivement tout du coupe-gorge, passé six heures du soir, si cette rue ne menait au stade du Newport Athletic Club, bloc de bois et de fer dont les fenêtres éclairées se reflètent sur la chaussée. A l'intérieur, dans ce qui ressemble à un réfectoire, une vénérable «lady» trempe une cuillère en bois dans une marmite de haricots, tout en servant du thé à des gaillards aux gros doigts qui mouillent de petits biscuits dans ce breuvage trouble. Ils parlent de la tempête. Du vent qui a projeté dans le vide une voiture du pont suspendu qui sépare le pays de Galles de l'Angleterre. Belle époque. L'équipe de Newport, battue à Montferrand 55-14, a quitté samedi la Conférence européenne (la seconde division de l'Europe du rugby) et l'on s'y attendait comme le scorbut après trois mois de navigation à vue. Il fut un temps où ce club était invincible, mais cela remonte au début du siècle. Les Gallois aiment à rappeler qu'en 1973 encore, les All Blacks s'étaient enlisés pour perdre un match 3 à 0. Sans suite. L'avènement du rugby à XIII a emporté comme une bourrasque les plus talentueux joueurs de l'équipe et maintenant, c'est au tour des riches clubs anglais