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Libération

Isabelle Autissier en direct de l'océanMes fleurs, ma musique, mon bateau

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publié le 12 novembre 1996 à 1h39

Le 11 novembre

par 27°29 nord et 16°27 ouest Il reste encore un bouquet de freesias, mes fleurs préférées, qui parfument discrètement la cabine, juste un bouquet pour me rappeler qu'il y a une terre avec des hommes qui font pousser des fleurs pour les offrir. Les roses accrochées dans le balcon au départ ont grillé en quelques heures sous le sel de la première tempête. Mise en jambes musclée que la fée Carabosse du golfe de Gascogne nous avait mitonnée: «Ah, on veut faire le tour du monde, et tout seul en plus, attendez mes cocos, montrez-moi d'abord ce que vous savez faire... C'est ça, va prendre un ris, crevasse un peu tes mains de demoiselle qui signaient les autographes...»

Tout ça s'est calmé le long de l'Espagne, enfin pour nous qui sommes passés car quatre ont fait les frais du mauvais sort. Quatre retours aux Sables, quatre fois l'horreur, la tristesse, la honte. Pour celui qui a fait les pieds au mur pour trouver des moyens, a bossé jusqu'à ne plus savoir quel jour on est, a mobilisé tout ce qu'il compte de parents, d'amis ou d'inconnus" pour une seule petite journée de mer! Alors quoi? Eh bien on recommence" car il y a des gens chez qui les rêves ont la peau plus dure que n'importe quel vieux cuir. Ils ont refait les pieds au mur, rebossé en oubliant la date et remobilisé. Surtout qu'aux Sables, il y avait encore une pléiade de compétents, dont c'est le métier de faire partir les bateaux. Alors ils s'y sont tous mis sans moufter car, nom de d'là, il ne manquerait pl