Menu
Libération

Le rugby anglais, c'est toujours Bath. Club centenaire et bardé de titres, Bath a opté pour un style de jeu qui fait école.

Article réservé aux abonnés
publié le 16 novembre 1996 à 1h24

Bath envoyé spécial

C'est un terrain de campagne au milieu d'une ville d'art, riche, belle et orgueilleuse. Un rectangle vert qui explose les mirettes. Les soirs de match, un long filet d'ombres coule dans les étroits escaliers de Pulteney Bridge qui descendent vers l'Avon. Une lente procession d'hommes et de femmes portant des longs manteaux de laine et de discrètes écharpes rayées de bleu, de blanc, de noir marche au rythme de la rivière qui sépare le stade situé en contrebas du centre de la ville. Elle se faufile entre les rais de lumière qui inondent les façades XVIIIe de la plus romaine des cités anglaises. L'impression d'être un figurant dans un décor d'opéra laisse vite place, une fois les guichets franchis, à la sensation de devenir le spectateur privilégié d'un spectacle à savourer entre fins connaisseurs, en examinant un programme tout en couleur et statistiques actualisées.

La tradition anglaise bousculée. Le «Recreation Ground» porte bien son nom. La culture a son nid douillet derrière l'épais rideau chatoyant du Royal Theatre, le sport dispose d'une cour moelleuse où les plaisirs instinctifs du rugby comblent le manque de spontanéité des moeurs civiles, courtoises à l'extrême. Des loges aux «stands», assis ou debout, cigares ou blondes légères, les gens de Bath applaudissent l'adversaire et saluent une contre-attaque collective. Distingué, le club de rugby l'est aussi. Il y a six ans, il a été le premier club à parier sur cette idée saugrenue de «jeu déployé à la