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Libération

Le sport est leur métier (1). L'amateur et le professionnel.Bruno Roux, footballeur «Je ne vivrai pas de mes rentes». En France, moins de 4 000 champions vivent du sport. Autour d'eux, «Libération» ouvre une semaine aux autres «métiers» du sport, du prof de gym à l'éducateur, au gestionnaire municipal, au commercial, au kiné... ou au chômeur.

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publié le 18 novembre 1996 à 0h41

Le Perfecto élimé, mais la Mercedes, Cabrel qui hurle Animal dans

l'autoradio, mais deux rehausseurs pour les enfants à l'arrière. Bruno Roux s'amuse dans sa vie de footballeur, «c'est le plus beau métier du monde», mais il sait que le monde tourne à côté: «S'il faut reprendre le marteau et le burin, je le ferai.»

A 33 ans, l'attaquant du Red Star est un atypique parmi ces prototypes de sportifs professionnels que sont en France les footeux. Pas d'adolescence en couveuse dans les centres de formation des grands clubs: «Mes parents étaient ouvriers, y avait pas la monnaie pour ça. Il aurait fallu payer le train pour aller à Reims et prendre les cours, maintenant, c'est plus facile, ce sont les centres qui viennent chercher les mômes et paient les parents.» Le dimanche après-midi, Roux marque pour son petit club de l'Oise, Ribécourt, en division d'honneur; en semaine, il est mécanicien d'entretien dans une usine d'engrais. Et puis, à 20 ans, son banquier le recommande à un ami, président de Beauvais, alors en troisième division. Beauvais grimpe en D2 et devient club pro: l'entraîneur le fait venir en ville, mais sans changer son contrat: «Toujours amateur, j'ai eu un boulot à l'équipement, j'étalais du goudron sur les routes de 5 heures à 8 heures du mat avant d'aller m'entraîner. Je n'avais pas forcément envie d'être pro, la D2 c'était déjà super.» C'est quand il est devenu meilleur buteur du championnat, en 1986, que la grande vie l'a rattrapé. Premier contrat au PSG à 23 ans