«Durant ces fortunes, le corps de Saint Anselme nous apparut
plusieurs fois; entre autres une nuit fort obscure à l'occasion du mauvais temps, le dit saint apparut sous la forme d'un feu allumé au plus haut du grand mât, et il demeura là plus de deux heures et demie, ce qui nous réconforta tous, car nous étions en pleurs, attendant seulement l'heure de périr.» Pour les marins du XVIe siècle, malmenés dans ses bourrasques ou empêtrées dans ses calmes, le Pot au noir pouvait signifier naufrage ou mort de soif. Une angoisse qui valait bien la sanctification de ces étincelles apparues en haut de la mâture (1). Une peur d'autant plus justifiée que l'auteur de ces lignes, l'Italien Antonio Pigafetta a embarqué en août 1519 aux côtés de Magellan pour un vrai saut dans l'inconnu. La quête du découvreur portugais? Trouver le passage occidental vers l'Asie. Depuis Colomb, toutes les tentatives se sont heurtées sur la muraille américaine. Lui est persuadé que la solution est au sud. Comme nos actuels navigateurs qui veulent convaincre un sponsor, le Portugais franchit la frontière et fait miroiter à Charles Quint tout l'intérêt géopolitique d'une telle expédition: qu'elle réussisse et c'en est fini du monopole maritime portugais. L'Espagnol accepte. Après le Pot au Noir, une mutinerie et la perte d'un navire, Magellan trouve le passage le détroit qui porte son nom et débouche dans le Pacifique. L'escadre le traverse en 3 mois et 20 jours. Une terre est enfin abordée: ce sont les Phili