Ils sont venus, ils sont tous là, ou presque. Hier matin donc, les
membres du comité directeur de la Fédération française de rugby étaient réunis à Paris pour se voir présenter les conclusions de l'audit réalisé par le cabinet Arthur Andersen à la demande du président, avec rétroprojection, chiffres commentés et tout le tremblement. La plupart ont suivi ça avec attention sans prendre de notes. Tous les chiffres seraient noir sur blanc dans le rapport qu'on leur remettrait à la fin. Naïfs, va! De choses écrites, ils n'ont point eues. Ces provinciaux qui sont repartis en courant pour attraper leur avion se sont vu annoncer par le président Lapasset qu'ils pouvaient consulter le dossier dans le bureau du secrétaire général à Paris.
Les élus du peuple du rugby en ont avalé une plus grosse encore. Arthur Andersen a étudié le partenariat avec Rugby France Promotion (RFP), société de Jean-Claude Darmon, chargée de commercialiser le marketing et les droits télés de la fédération. Cette étude-là n'est même pas visible puisque le président l'a immédiatement transmise au service juridique de la FFR. «Nous sommes en période électorale», a dit Bernard Lapasset pour justifier la confidentialité à l'heure où une liste concurrente à la sienne se met en place. Pour ceux qui ont pris des notes, il apparaît qu'un contrat d'espace publicitaire avec Peugeot négocié par RFP pour 7,8 millions de francs s'est soldé par une perte de 112 000 F pour la FFR. Jean-Claude Darmon, qui n'a pas été entendu