Le 2 décembre par 36°31 sud et 16°48 est
Souvent, à l'aube, le vent et la mer se consultent en de noirs et âpres conciliabules pour s'accorder sur le temps du jour. De ces grains de fin de nuit vient souvent la bascule attendue, le brusque renforcement des vents ou les signes avant-coureurs de calmes. Ainsi, cette nuit s'était passée en chuintement affolé de l'eau à 15-20 noeuds contre la coque, accélérations couinantes qui me mettaient en éveil. Mais rien de plus que la sarabande habituelle. L'aube sombre, donc, envoya ses grains, qui me firent bondir en direction du pont. Je connais par coeur cette litanie pour calmer le bateau affolé . Déjà soulager la voile d'avant par quelques tours d'enrouleur, larguer le hâle bas, choquer l'écoute de grand-voile" Le bateau respire; larguer la drisse jusqu'à la marque du ris, reprendre l'amure, prendre la bosse de ris, reborder, une dizaine de minutes pour que le bateau reprenne sa route vrombissante. Mais, en cette aube-là, le bateau s'obstine à piquer le nez dans le vent, toutes voiles claquantes. «Alors quoi, pilote, t'as un coup de mou? Attends, j'arrive"» J'attrape la barre en grommelant, mais elle n'est qu'une pauvre chique molle incapable de contrôler le bateau" alors" alors le pire, l'avarie de safran? Dans l'eau encore noire, il est impossible de distinguer quoi que ce soit. Je file dans le ventre du bateau vérifier la tringlerie; oh, j'aimerais tellement que ça ne soit qu'une bête goupille défaite, un brave désaccouplement sa