Le 9 décembre
par 37°51 sud et 22°03 est «Allez mon petit cheval, on y retourne, on y est à nouveau, tu sens l'écume qui te frotte le museau, c'est quand même plus agréable que l'eau mazoutée de Capetown, même si cette dernière était indispensable. Allez, viens laver tout cela dans l'eau froide...
Tu le savais bien, de toutes façons, que l'on y retournerait, ou plutôt, pouvait-on imaginer ne pas continuer? Rester là, bêtement plantés en Afrique du Sud ou finir sur le dos d'un cargo... non, il faut terminer les histoires, en tout cas tout faire pour. Bien sûr, il nous reste un bleu à l'âme à tous les deux... une jolie bagarre qui s'est finie bêtement, un bel espoir saccagé par un moignon de carbone. Bon, il n'y a qu'à pas s'approcher de la lumière si on ne veut pas risquer de se brûler les ailes...»
A Capetown, il y avait la petite bande, celle des jours de tempête, celle qui sait faire le dos rond pour avancer contre le vent. Ils ont vu venir le bateau comme un crève-coeur, eux aussi... et nos yeux se sont croisés, et puis vite, là-bas, dans le coqueron arrière, ils ont attrapé au passage les jeux de clefs et se sont mis au travail avec le sentiment d'urgence que donne la rage. Ici, Jean-Charles, Christian, Pascal, Hervé, Gregor; en France, la bande à Thierry, Marc et Eric... Qu'est-ce qui pouvait leur résister...? Samedi soir, ils ont accroché des roses dans le balcon, par défi ou par principe, et, dans le vent qui coulait de la montagne, dans la nuit douce, la route du Sud