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Libération

Isabelle Autissier en direct de l'océanOhé, ohé, mât dans l'eau D'habitude, empanner, ça demande des ruses de Sioux. Cette fois...

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publié le 24 décembre 1996 à 2h35

C'est l'écoute de grand-voile, la première, qui s'est doutée de

quelque chose. Car, tout à coup, elle s'est sentie toute molle. Mais cette pétasse n'a rien dit. Tiens, le pilote n'a qu'à s'en apercevoir tout seul. Il est si malin ce bellâtre à faire le fier et tout commander quand la patronne n'est pas là" La grand-voile et le foc s'en rendirent compte aussi, très peu de temps après. Mais elles, elles n'avaient pas envie de plaisanter, vu que, dans ces cas-là, elles se prenaient tout dans la gueule. Alors, elles se mirent à claquer de toute leur toile. Hé" gaffe. ça va empanner à la sauvage" Tout à coup, le pilote qui musardait et jouait avec les vagues sentit une onde de sueur l'envahir. Meeeerde, qu'est-ce que je fais" Vite" Poussons la barre, poussons" Aïe" Maman" Trop tard" Wwrrrrraaaa" Crac.

Déséquilibré par une vague plus grosse que les autres, ramené au cap trop tard par le pilote, le bateau vient d'entamer la manoeuvre la plus scabreuse: l'empannage, lorsqu'il change de bord en passant par le vent arrière. D'habitude, quand je programme cette manoeuvre, c'est une demi-heure de ruse de Sioux pour rentrer la voile d'avant, amener progressivement la grand-voile dans le milieu, préparer les bastaques pour que le mât reste soutenu. Bref, ça se fait avec douceur et délicatesse. Là, toute la surface de la grand-voile part à la volée, arrache au passage la retenue qui la maintient et va s'écraser sur la bastaque sous le vent. Le bateau pivote immédiatement sur lui-même et" se