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Libération

Le vieil homme et la mer. L'histoire des tours du monde à la voile.

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publié le 31 décembre 1996 à 2h20

«Je crois qu'au moment où le bateau commence à chavirer, je suis

réveillé, ou du moins, je m'éveille immédiatement. C'est peut être le choc de la vague qui m'a tiré du sommeil. Il fait totalement noir. Quand Gipsy Moth se couche, je me dis: "Cette fois il y va.» A l'image de ce chavirement de Gipsy Moth IV dans une mer de Tasmanie balayée par une queue de typhon, le tour du monde en solitaire de Franchis Chichester ressembla à long calvaire. Blessé à une jambe juste avant son départ, le 27 août 1966, le Britannique va souffrir mille maux à bord d'un voilier qu'il juge trop grand et trop difficile à manoeuvrer pour un homme seul. Qui plus est un usé par les ans, les accidents, les maladies et de nombreux défis. Ce défricheur d'horizons jette d'abord sa gourme dans les années 30 sur l'aviation. En solitaire déjà, le voilà à bord de Gipsy Moth I, survolant les océans pour de multiples traversées intercontinentales. Sa première tentative de tour du monde se fracasse au Japon sur une ligne électrique. Il s'en tire avec des blessures graves et la volonté de renouveler un jour l'aventure. Mais après guerre, il ne voit plus nul exploit qui vaille dans un ciel désormais livré aux lignes régulières. Il se tourne alors vers les océans. La mer va ressusciter le vieil aventurier. En 1960, quelques mois avant sa victoire dans la première Transat anglaise en solitaire, les médecins le disent condamné par une pleurésie. Pour réaliser ce tour du monde que, jeune, il n'a pu achever, Chicheste