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Libération
Interview

«Aujourd'hui, pour faire comme les autres».

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Trois spécialistes analysent l'évolution des pratiques dopantes.
publié le 13 janvier 1997 à 16h05
(mis à jour le 13 janvier 1997 à 16h05)

Où va le dopage? Tour de table avec Eric Joussellin, médecin chef de l'Institut national des sport (Insep), Patrick Laure, sociolo-pharmacologue, et Patrick Nédélec, ex-médecin de l'équipe Gan suspendu le 18 juin dernier pour avoir prescrit «sur ordonnance, à seule fin thérapeutique», du Dynabolon à deux de ses coursiers.

Assiste-t-on à une escalade?

Eric Joussellin. Le dopage s'est généralisé à l'ensemble des sports. Il existe à l'état endémique dans certains, comme le cyclisme. Il sévit aussi là où on ne l'attend pas forcément. Dans le rugby, par exemple. On sait que des équipes entières, même au niveau le plus bas, se sont alignées chargées de Diantalvic, un produit dont les effets se situent entre l'aspirine et la morphine.

Patrick Laure. Je pense qu'il faut être plus systématique. Il n'y pas de sport où le dopage existe peu. Le dopage est seulement différemment pratiqué. Certains sports, comme des disciplines de précision (saut à ski, tir à l'arc) utilisent des produits interdits, tels les bêtabloquants, d'autres des drogues qui apportent de la puissance ... La preuve de la généralisation, c'est le décalage entre les tests et la réalité du dopage. Ainsi, les labos accrédités par le CIO (Comité international olympique) détectent en moyenne chaque année entre 1 et 3% d'athlètes positifs. Alors qu'une étude, qui va être publiée, montre qu'en France, au moins 9% des sportifs amateurs y recourent.

Eric Joussellin