Le 2 décembre 1995, à l'observatoire de Camphin, près de Lille, à la frontière franco-belge, ce fut un coup de bol. Mais les douaniers disent toujours que c'est un coup de bol ou de flair. Ce jour-là, ils arrêtent un couple dans un Ford Transit immatriculé en Grande-Bretagne. «La camionnette était remplie de cartons bourrés de boîtes de médicaments», se souvient le chef de la brigade de Baysieux-Cysoing. C'était une première infraction, car sauf à disposer d'une autorisation de mise sur le marché, l'importation de médicaments en France est interdite. De toute façon, il n'a pas fallu longtemps aux douaniers pour comprendre qu'ils venaient d'opérer la plus importante saisie de produits anabolisants: 169 870 cachets et 5 287 ampoules. L'homme était directeur d'une salle de body-building en Grande-Bretagne. Il déclara que son chargement constituait sa consommation personnelle pour trois mois. Sur la provenance de la marchandise, il indiqua une entreprise des environs de Berlin, sur l'ancien territoire de l'ex-RDA. Il s'agissait d'un grossiste en produits pharmaceutiques qui existait réellement et auquel la législation locale ne pouvait rien reprocher.
On trouve de tout. La frontière avec la Belgique est celle où les trafics sont les plus variés: drogues, armes, contrefaçons, main-d'oeuvre, produits dopants. «La cause de cette activité, explique M. Mahé, adjoint au directeur interrégional des Douanes, c'est la proximité des grands ports de la mer du Nord, Anver