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Libération

Monte-Carlo: Ragnotti l'ouvre et s'en va. Le pilote français clôt sa carrière en ouvreur de luxe de la saison des rallyes.

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publié le 18 janvier 1997 à 15h45

En ces temps-là, le rallye s'ouvrait comme un roman, se feuilletait

comme un journal intime et se terminait sur une plage où Anouk Aimée attendait la Ford de Jean-Louis Trintignant. On entendait claquer des portières dans toutes les capitales d'Europe et le vendredi, on avalait près de trois mille kilomètres sous la neige pour arriver le lundi dans le parc fermé de la Principauté. Professionnels et amateurs roulaient ensemble des carrosseries: le «Monte», créé à l'origine pour attirer les aristocrates des machines à sous, ravissait les Anglais qui pilotaient en costard-cravate, les Italiens, tête nue, vêtus d'un blouson de cuir, et les Français qui faisaient exploser les ventes de R8 Gordini.

C'est au volant de l'une de ces célèbres Renault bleues aux suspensions arquées que Jean Ragnotti démarra sa carrière de corsaire automobile. Fils d'agriculteur espagnol et de mère italienne, les voitures de course sont passées sous ses yeux comme des étoiles filantes à suivre dans la nuit. Ce qu'il fit, sans hésiter. «Je voyais passer le rallye sous la fenêtre de ma chambre. Alors je partais derrière eux, sans clou, sur la glace, avec une Fiat 850; j'essayais de les suivre.» Ce seul plaisir dictera dès lors instinctivement tous les virages de la carrière de Jean Ragnotti.

Le chauffeur routier qu'il était en 1967, dépense ses économies à se faire remarquer dans les rallyes du sud de la France jusqu'à ce que les poches percent. Période difficile, «Renault avait tellement de pilotes qu'il n