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Libération

Vendée Globe, troisième tour du monde en solitaire sans escale. Le Canada suspendu à la saga Roufs. Inconnu avant la course, le navigateur est devenu un héros national.

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publié le 20 janvier 1997 à 15h42

Dans un pays immense, qui ne compte que 0,003 héros au kilomètre

carré, le Canadien Gerry Roufs est une véritable aubaine. A preuve, pour mieux le localiser, mieux se l'approprier, les médias québécois ne parlent, depuis une dizaine de jours, que du «navigateur montréalais». A la veille de 1997, il n'était connu que «chez lui, à l'heure des repas». L'identification du dernier vainqueur de la Transat anglaise relevait alors, en son propre fief, de la définition du schmilblick. Désormais, sa notoriété touche ­ toujours à l'heure du potage ­ l'ensemble des foyers canadiens.

Dès l'instant où sa trace a été perdue, au début de la deuxième semaine de janvier, il s'est retrouvé, «d'un océan à l'autre», à la une des quotidiens. Puis, alors que coulaient les jours d'angoisse, il a émergé de l'inconnu. Hier un avion de reconnaissance argentin a localisé quatre bateaux qui n'ont pas répondu aux appels. «Cela peut être des cargo ou des bateaux de pêche, ce peut être Gerry», ont commenté, laconiques, les organisateurs du Vendée Globe.

Si le phénomène est aussi spectaculaire, c'est qu'au Cananda, les arbres cachent les bûcherons et que l'histoire n'a pas encore été totalement défrichée. Alors, curieusement, ce sont régulièrement les sportifs qui comblent les vides affectifs et font de l'ombre aux vedettes politiques, militaires, princières ou littéraires qui, sous d'autres latitudes, auraient servi de balises.

Il suffit en effet, au Canada, de monter sur un podium olympique pour se voir ouvr