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Libération
Enquête

On charge bien les chevaux de course.

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Quelle est la frontière entre soin et dopage dans un milieu aux enjeux financiers énormes?
publié le 24 janvier 1997 à 15h27
(mis à jour le 24 janvier 1997 à 15h27)

En matière de dopage, le code des courses de chevaux est clair. Avoine, foin et eau, tel doit être le menu des coursiers. Choeur suppliant des équidés: «Même pas une p'tite carotte?» Surtout pas! Comment pourraient-ils imaginer, ces inconscients sabotés, que dans la racine succulente dont les bienfaits passent pour donner les fesses roses et faire avancer les ânes se trouve également du bornéol, l'un des précurseurs chimique du camphre? Choeur implorant des mêmes solipèdes: «Et un bout de ces sucreries chocolatés que nos lads s'avalent par dizaines?» Malheureux, souvenez-vous de No Bom qui se jeta goulûment sur la barre de Mars de son palefrenier. Après la course, il s'avéra positif à la théobromine, substance naturelle extraite de la graine de cacao et au même effet excitant que la caféine. Toute «médication» est en effet interdite au jour de l'épreuve. Et la frontière entre traitement thérapeutique et dopage n'existe pas. Soigner ou courir, il faut choisir. Ce qui chagrine bien les entraîneurs, car les athlètes équins, lourds de près d'une demi-tonne sur leurs quatre membres de porcelaine, sont fragiles. L'entraînement qu'ils subissent les fragilise un peu plus. Pertes majoritaires, bénéfices aléatoires et «casse» régulière font que parfois, on prend le risque de courir sans avoir la certitude que les preuves de son traitement sont éliminées. Sanctions lourdes. S'il gagne l'épreuve, sang et/ou urine sont recueillis par les vétérinaires chargés du contrôle anti-dopage.