Le pub le plus proche du stade de Leicester s'appelle The Victory.
Cela ne présage en rien l'issue de la finale de la Coupe d'Europe opposant Brive à Leicester ce samedi à Cardiff. Cela indique toutefois un état d'esprit. Le culte de la victoire est une vertu du rugby anglais qui s'est développée avec d'autant plus de vigueur que pendant plus d'un siècle on ne gagnait ici ni titre ni argent, mais seulement des matchs et la considération de ses amis. Pendant plus d'un siècle, on a joué pour le simple plaisir de gagner le ballon et du terrain, en se payant ensuite de pintes de bière. Virtuosité. A Leicester, le culte de la victoire et l'âpreté à conserver le ballon sont restés inséparables. Si l'on suit la chronologie d'une séance d'entraînement, ça tient d'abord de la virtuosité. Mardi soir par exemple, on pouvait voir Martin Johnson, deuxième ligne de Leicester et du XV d'Angleterre, cerné par une demi-douzaine de partenaires qui lui passaient des ballons. Lui au milieu les renvoyait. Le rythme augmentait et Johnson devint jongleur quand les ballons lui arrivaient de tous les côtés. Il n'en fit tomber aucun.
Ça tient ensuite à la puissance. Les joueurs, les uns après les autres, s'élancent ballon en main contre des partenaires alignés dans l'axe et tenant un bouclier de mousse. L'attaquant, protégeant son ballon, fonce, bouscule, rebondit et recommence. On entend des «han» et des gémissements parfois, mais là non plus aucun ballon ne tombe.
Rapidité. L'aspect le plus perfectio