Etrange flandrin. Dans ses rêves, les plus fous, ceux à se réveiller
la nuit, Thomas Sykora songe à Wimbledon, se voit gagner dans le temple du tennis sur gazon, soulever devant une foule recadrée par la quadrature des gradins, le trophée du tournoi londonien. Qu'en aurait pensé le bon docteur Freud, analyste autrichien bon teint, si on lui avait rapporté les obsessions de balles jaunes qui taraudent le cortex de son compatriote? Car Thomas Sykora, le mètre quatre-vingt dix façon manieur de raquettes, est avant tout un skieur, un slalomeur qui depuis sa victoire ici même la saison passée, ne se contente pas de se nourrir de rêves, ni de s'abreuver à la fontaine de la figuration.
Jusqu'alors, la domination extrême du skieur de Göstling ne s'accommodait en effet que de quelques miettes pour ses adversaires. Il n'avait été battu qu'une fois cette saison, par le Norvégien Stiansen, à Breckenridge, aux Etats-Unis. Hier à Kitzbühel, on pensait ainsi que personne ne viendrait chatouiller sa supériorité. Ni ses compatriotes Reiter et Stangassinger. Encore moins Amiez, tombé rapidement, ou Tomba, que l'on disait toujours en convalescence.
Blessé à la jambe droite lors de l'échauffement, Sykora oublie la douleur et part le premier. Repliant ses bras en ailes de moulin, dynamisant la tonicité de ses longues jambes, il termine en se tenant la cuisse, mais personne après lui ne fera un meilleur temps. On le croit sur la route bien goudronnée d'un cinquième succès consécutif, d'une sixième v