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Libération

Il y a 20 ans. Seule par les trois caps.

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publié le 28 janvier 1997 à 15h15

Dans l'imagerie maritime, deux rôles leur fut longtemps impartis,

éplorées attendant le retour de leur marin, ou filles faciles dans chaque port. Bref, femmes toujours à terre jamais ne devaient chérir la mer. Et si un marin les imaginait à bord, c'était pour mieux les ranger comme objet de malédictions aux côtés du «cousin du lièvre». Une règle qui eut ses exceptions: Mary Read et Ann Bony, flibustières des Caraïbes; Jeanne Baret, embarquée sous un déguisement masculin lors du tour du monde de Bougainville; Eleanor Creesy, navigatrice pour son capitaine de mari à bord du clipper Flying Cloud lors du record de 1851 entre New York et San Francisco.

Et pourtant, la course au large, ce sport à la tradition macho, partage, avec les seuls concours d'équitation et courses automobiles, l'apanage de placer sur une même ligne de départ hommes et femmes. Décennie de conquête des droits des femmes, les années 70 ont marqué un tournant. Quatre jeunes femmes inaugurent, en 1973, la première Whitbread. En 1977, pour la 2e édition de cette course autour du monde en équipage, elles sont dix, dont une, Clare Francis, en skipper. Au départ, Rob James est en tête. Un an avant, Rob a rencontré une ravissante Néo-Zélandaise. Le baptême en mer de la jeune femme précède de peu leur mariage. Mais Noammi James n'a guère le goût d'attendre son mari lors des escales de la Whitbread. Sans jamais avoir passé une nuit en mer, elle s'embarque pour le premier tour du monde en solitaire féminin par les trois