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Libération

il ya un siècleLes Cap-Horniers

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publié le 11 février 1997 à 21h46

La postérité a retenu les noms des circumnavigateurs qui, dans la

lignée de Magellan ou Cook, ont découvert puis exploré les antipodes. Anonymes, les marins qui, par milliers, ont forgé la route des Trois Caps (1), ont eux, hérité d'un surnom collectif: les Cap-Horniers. D'une courte durée ­ un peu moins de 70 ans ­, leur épopée débute réellement en 1851 avec la découverte de l'or en Australie. Par milliers, on s'embarque pour ce nouvel Eldorado. Très vite, la gentry britannique se décide à tenter sa chance. On affrète pour elle les trois-mâts les plus rapides du monde, les clippers (de l'expression «to clip a record» qui signifie «battre un record»). Si les gisements aurifères s'essoufflent en Australie, l'exploitation industrielle des antipodes prend le relais. De Liverpool, Hambourg ou Nantes, on embarque migrants et produits manufacturés pour, au retour, déverser la laine d'Australie, le nitrate du Chili, le nickel de Nouvelle-Calédonie ou la viande de Nouvelle-Zélande... L'heure est à la rentabilité, les voilures ne cessent d'enfler: 40 à 50 hommes d'équipage manoeuvrent 5 000 à 6 000 m2 de toile de voiliers. Au prétexte des impératifs commerciaux des armateurs, les capitaines se prennent au jeu de la vitesse. de la vitesse. Les marins s'appuient sur des documents novateurs mis au point par un lieutenant de l'US Navy, Matthew Fontaine Maury: les Pilots Charts. Dressés à partir de la lecture de centaines de livres de bord, ces cartes statistiques des vents et courants,