Il y a, sur la table, les magazines de papier glacé et en couleurs que Terrence Bougdour feuillette l’oeil mauvais. Dans son domaine, Terrence, 19 ans, est un pas grand-chose. Un skateur à fond la casse, aux cheveux de laine blonde: «J’ai besoin de fric. On a besoin de fric.» Autour de la table, deux de ses compères ont fait le chemin jusqu’à la capitale «ça pue ici» pour séduire un sponsor en dégringolant d’une rampe, qui ressemble à une vue en coupe de coque de navire, sur laquelle se succèdent les plus agiles spécialistes d’une discipline sans code, à mi-chemin entre sport et doigt d’honneur aux lois de la gravité. «Les parents alignent jusqu’à ce que l’on ait 18 ans, à partir de là, il faut trouver des sponsors.» Pendant une séance de photographies, Terrence s’éclate le crâne contre une poutre d’acier et se retrouve hilare les mains sur la tête à réaliser combien il est à côté de ses pompes. «Un skate-board de compétition vaut près de 1 500 F et tu ne peux plus t’en sortir, dès que tu sais que ta planche a une durée de vie de un à deux mois.»
Racine punk. Musicien, dans un groupe de rock, Against U, Terrence vit à Annecy. Il se débattait sous les néons du très plastique dernier Salon de la glisse quand il affirmait: «Les vraies racines du skate c’est le punk. Le hip hop a pourri le skate, ça a amené le mouvement frime, toutes ces conneries de musiques synthétiques. A la base le skateur est un fouteur de merde. Aujourd’hui, c’est un poseur.»
Terrence mène sa