Menu
Libération

Guerre aux «corrompus du skate»

Article réservé aux abonnés
Contre la dérive mercantile et frime du skate-board, Terrence Bougdour revendique les origines punk et urbaines de son sport. Un pur et dur qui veut continuer à jouer les «fouteurs de merde».
publié le 12 février 1997 à 21h41

Il y a, sur la table, les magazines de papier glacé et en couleurs que Terrence Bougdour feuillette l’oeil mauvais. Dans son domaine, Terrence, 19 ans, est un pas grand-chose. Un skateur à fond la casse, aux cheveux de laine blonde: «J’ai besoin de fric. On a besoin de fric.» Autour de la table, deux de ses compères ont fait le chemin jusqu’à la capitale ­ «ça pue ici» ­ pour séduire un sponsor en dégringolant d’une rampe, qui ressemble à une vue en coupe de coque de navire, sur laquelle se succèdent les plus agiles spécialistes d’une discipline sans code, à mi-chemin entre sport et doigt d’honneur aux lois de la gravité. «Les parents alignent jusqu’à ce que l’on ait 18 ans, à partir de là, il faut trouver des sponsors.» Pendant une séance de photographies, Terrence s’éclate le crâne contre une poutre d’acier et se retrouve hilare les mains sur la tête à réaliser combien il est à côté de ses pompes. «Un skate-board de compétition vaut près de 1 500 F et tu ne peux plus t’en sortir, dès que tu sais que ta planche a une durée de vie de un à deux mois.»

Racine punk. Musicien, dans un groupe de rock, Against U, Terrence vit à Annecy. Il se débattait sous les néons du très plastique dernier Salon de la glisse quand il affirmait: «Les vraies racines du skate c’est le punk. Le hip hop a pourri le skate, ça a amené le mouvement frime, toutes ces conneries de musiques synthétiques. A la base le skateur est un fouteur de merde. Aujourd’hui, c’est un poseur.»

Terrence mène sa