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Libération

Korrika, la course en basque. 2 150 relais de 1 kilomètre pour la survie d'une langue.

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publié le 26 mars 1997 à 22h40

Quand l'objectif est de parcourir le kilomètre en 6'30'', pas plus,

pas moins, la course à pied ne relève pas de la performance sportive. Et pourtant, elle court. Infatigable depuis le 14 mars, sans s'arrêter ni jour, ni nuit, la Korrika s'est terminée dimanche à Bilbao, mais dites Bilbo car la Korrika c'est la course pour la langue basque, et tant qu'à faire dites aussi l'euskara. 2 150 kilomètres, borne par borne, phrase par phrase.

Elle n'a l'air de rien si on la voit surgir dans le village d'Arangtzun, à une quinzaine de kilomètres au sud de Gasteiz-Vitoria. Une camionnette devant, sono à fond, une poignée de coureurs dont le premier, quelques pas en avant, tient le témoin, bâton sculpté où flotte un fanion basque, que l'on passe à chaque kilomètre. A bien y regarder pourtant, la Korrika ressemble à la langue. Débouchant ici de nulle part, d'une plaine qui sent encore la Vieille Castille, berceau de l'Espagne, elle a parfois peiné, troupe raréfiée dans une atmosphère pauvre. Puis à l'orée du village, des gosses et des ados lui ont redonné un brin de souffle. Pas grand-chose, une bouffée d'air frais, des mots mélangés à des rires, des foulées de jambes neuves pour tenir le coup jusqu'à des lieux plus fastes. Un kilomètre plus loin, c'était de nouveau le désert. La langue et la course, qui croisaient alors à la frontière du castillan, tenaient à quelques mots, quelques coureurs. Puis il y eut un petit miracle au bord de la nationale, quand des habitants de Miranda del Ebro