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Le Maracana, temple du foot livré aux marchands. Le mythique stade de Rio est en décré-pitude. Privatisé, il devrait se voir accoler un centre commercial. Ce qui pour beaucoup relève du sacrilège.

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publié le 2 avril 1997 à 1h34

Rio correspondance

Le Maracana, le plus grand stade du monde, est un éléphant blanc menacé de disparition. Ses 80 000 mètres cubes de béton tombent en ruine. «L'Etat n'a pas d'argent pour entretenir ce symbole. Mais on ne détruit pas le Colisée», assène Raul Raposo, le président de la Suderj, organisme de l'Etat de Rio en charge du stade mythique. Après quarante-sept ans de gestion hasardeuse et de flirt avec les déficits. La Suderj a déclaré forfait: «Il fallait six mois pour pouvoir changer une ampoule», ironise son président. L'Etat a donc lancé un processus de privatisation qui à peine conclu est déjà suspendu. Car une polémique a vu le jour, donnant une occasion supplémentaire de parler de football dans une ville où tout un chacun est un expert en puissance du ballon rond. «Ne rien changer.»Rien d'idéologique donc dans cette grande agitation. «La privatisation est une bonne chose, si elle permet de remettre le stade en état. Mais il ne faut rien changer ici», a mis en garde le ministre des Sports, Pelé. Car le consortium de cinq entreprises brésiliennes, candidat à la reprise pour trente ans du Maracana, entend transformer le stade d'athlétisme Célio de Barros qui appartient au complexe, en centre commercial. Le seul moyen, selon elles, de rentabiliser la concession. Les puristes du foot crient à la concurrence déloyale. Le Maracana doit rester ce lieu de tous, où l'on «vient mal habillé, mais à l'aise, pour vivre des émotions», explique Julio Moraies, un livreur qui