Pau envoyé spécial
Si on se réfère aux canons, l'entraîneur le plus heureux de France ne ressemble à rien de connu. Pour commencer, Jean-Louis Luneau, qui entraîne avec Francis Leta la Section paloise, vainqueur de la Coupe de France et donc déjà qualifiée pour la Coupe d'Europe, n'a pas l'accent d'ici. Né à Châteauroux, qui n'est pas le plus grand réservoir pour le rugby en France, ayant vécu près de vingt ans à Dijon, qui est par contre un fleuron de cette poche ovale installée en Bourgogne. Mais les questions d'accent rapportées au rugby frisent le stéréotype. S'il faut trouver un signe particulier à Jean-Louis Luneau, c'est celui-là: profession ouvrier.
De fait la biographie de l'entraîneur d'une des équipes les plus modernes du championnat raconte une histoire d'autrefois. «J'ai commencé à jouer à neuf ans au club des cheminots de Dijon à côté de chez moi.» A 14 ans, il est plombier chauffagiste. «A vingt ans j'ai demandé à mon père l'autorisation d'aller jouer dans le Sud.» Alors son père, «qui avait été résistant, je ne sais pas si je dois le dire», lui obtient une affectation à la base de Mont-de-Marsan pour son service militaire. Là, il rencontre des joueurs de l'Aviron bayonnais qui l'emmènent dans leur club. Il y restera seize ans, deuxième ligne et même pilier l'année où Dospital s'était ruiné un genou. Mais toujours ouvrier. Docker, livreur, puis, au comble de la promotion sociale, ajusteur quand Dassault lui fait passer le CAP pour l'embaucher dans son usine d'An