Rio correspondance
L'enfant du bidonville veut récupèrer ce qu'il croit que la société lui doit. 25 000 dollars, c'est ce que Romario exige pour une interview, sans se douter un instant que certains ont les poches plus vides que les siennes. Le même Romario traîne des heures durant à son habituel bar de la plage, le Viajandao, à Barra da Tijuca, la zone chic et branchée de Rio. L'avant-centre de l'équipe du Brésil qui affronte ce soir la France est ainsi, accessible à ceux qui ne lui veulent rien, payant pour les autres. Sa trajectoire exceptionnelle n'a rien ôté de la morgue du gamin maigrichon de la favela de Jacarezinho. Tout comme son insatiable envie de s'amuser, de dévorer la vie est intacte. Lorsqu'il joue au foot-volley, une spécialité locale qui exige sable, filet et exclut les mains, il exulte. Avant de regagner mollement le bar où il n'absorbe que des boissons non alcoolisées. Les beuveries que la presse locale lui imputa longtemps sont en réalité le fait de sa cour. Car Romario vit en clan. Ses amis du Viajandao sont des fidèles. Leur absence a pesé dans le retour du prodige au foyer, en 1995. Romario est alors au top de sa carrière. Il a tout connu: champion de Rio 87-88, champion d'Espagne en 94, champion du monde et meilleur joueur du Mondial 94. Mais la saudade, la nostalgie du pays le prend. Son mariage avec Monica, sa première femme bat de l'aile. La solitude l'effraie. Il rentre... triomphalement et rejoint le club le plus populaire du Brésil, le Flamengo d