Les brunes ne comptent pas pour des prunes, dit la chanson. Le
refrain s'est chanté hier après-midi à Chantilly lors du 148e Prix de Diane. Des douze princesses sabotées qui rivalisaient d'élégance, Vereva, n° 3 sur le programme, était la seule baie brune. Elle s'est imposée au terme d'une longue accélération, une longueur devant Mousse-Glacée (n°6). Appartenant à l'Aga Khan, dont la casaque verte (comme le gazon) avec épaulettes écarlates (comme le disque rouge de l'arrivée), Vereva est une gracieuse à l'encolure et la taille fines, une poitrine vertigineuse et profonde, des épaules savoureuses. Au milieu d'un front plat, elle porte une minuscule tache blanche comme un sobre bijou et sur les flancs quelques poils gris éparpillés dans l'ébène. Elle est brune donc, et née dans la soie puisque, du côté de sa maman, son grand-père est le célèbre Mill Reef (derby d'Epson et Arc-de-Triomphe), ses arrière-grands-parents sont Val-de-Loire (Jockey Club) et Pola Bella (poule d'essai des pouliches). Son père, Kacyasi, a également remporté le derby d'Epson, et son frère aîné, Valanour, était un champion qui n'appréciait que le terrain léger, ce qui était le cas hier. Sage, attentive, Vereva a laissé son jockey Gérald Mossé pianoter sur ses rênes durant 1 800 mètres pour s'envoler à mi-ligne droite, déployant de longues et aériennes foulées, taille de guêpe oblige, et poser le large nose-band en mouton qui lui décore le bout du chanfrein la première sur le fil. Ledit jockey, surnommé l