Le Mans envoyé spécial
L a première fois que Jean Graton s'est assis dans les tribunes donnant sur la ligne droite des stands du circuit du Mans, il avait à peine quatorze ans. Soixante ans plus tard, le créateur de Michel Vaillant n'a qu'à se pencher sur les baies vitrées qui surplombent les stands pour admirer sur la carrosserie d'une Courage C41, le célèbre logo de la marque automobile française la plus titrée à ce jour, bien qu'elle ne soit que de papier. Il y aura donc une Vaillante, samedi au départ des 24 Heures du Mans. «Ce n'est pas la première fois qu'une voiture de course porte les couleurs du Team Vaillant, ça a déjà été le cas en F3000, dit le dessinateur. Cette fois-ci, je ne voudrais pas croire que ce soit un hommage à ma fin de carrière.» Pourtant, le milieu de la course automobile lui est redevable d'avoir suscité sinon des vocations, du moins un intérêt inégalé pour les coulisses d'un sport dont les anecdotes restent trop souvent parquées dans les allées du paddock.
Jean Graton a tourné le problème en créant un personnage éminemment moral, Michel, pilote père de famille à la mâchoire carrée, au tempérament chevaleresque et à l'esprit droit comme les Hunaudières, où il fit ses débuts dans les pages du journal Tintin. Entouré d'une famille unie, les Vaillant donnent l'image d'une France des années 70, pompidolienne en diable. L'aspect gentlemen-driver de Michel Vaillant est évidemment ce qui va séduire les jeunes lecteurs de BD. Les intrigues sont souvent ténu