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Libération

Chaque jour, tranches de vie de ville étape. Aujourd'hui: La Châtre. Le majordome se fait son roman. Robert habite chez George Sand, ensorcelé par son fantôme.

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publié le 10 juillet 1997 à 6h16

La Châtre envoyé spécial

La Vallée noire est un bouquet. Elle charme par ses feuillages, son parfum et ses couleurs. Les champs, les bois, les rivières du Berry s'associent en un relief ondoyant, une houle lourde et paresseuse sur laquelle les fermes semblent dériver doucement. Un bouquet reflète également l'âme de ceux qui le composent. George Sand, qui passa la majeure partie de sa vie à écrire dans ce décor, aimait aussi en été «son climat souple et chaud» et «ses hivers rapidement heurtés de glace et de soleil». Ce climat semble avoir imprimé sur la nature cette «aménité grave» qui caractérise également la romancière de Nohant, ainsi que ceux qui sont tombés amoureux d'elle, de ses écrits, de son pays.

Ancien animateur culturel dans les années Malraux, Robert Franco a été nommé gardien de la maison de George Sand à Nohant en 1961. Ne connaissant rien ou presque de l'auteur d'Indiana, c'est en découvrant sa demeure qu'il s'intéressa au destin de la famille d'Aurore Dupin. A la retraite l'an prochain, Robert Franco est chevalier des Arts et des Lettres, il prépare un livre sur cette maison où ont séjourné de nombreux amis de l'écrivain, tels Delacroix, Chopin, Liszt, Flaubert" «Dans les années 60, comme les éclusiers et les gardes-barrière, les gardiens de monuments historiques devaient être mariés. Voilà comment on exploitait les gens en France à ce moment-là. Je me suis donc marié», raconte Robert qui portait alors l'uniforme. Il n'était d'ailleurs pas chargé d'accueillir