Le mécanicien en chef dit de son titre ronflant qu'«il en fallait
un» et qu'avant d'accepter ses galons il est allé en toucher deux mots à Julien De Vriese, par respect pour ce Belge aux 25 Tours et aux faux airs de Claude Piéplu. Julien, connu du milieu pour avoir été le bon génie mécanique de Merckx, puis de LeMond, n'ayant pas besoin d'honneur sur le papier pour se faire entendre (il parle fort), Geoff trouvait «ridicule d'être son boss». Dans le petit monde des astiqueurs de cadres, si les vélos étaient des pianos, ceux de Julien seraient des Pleyel. Julien à court de Guidoline peut en demander aux grandes équipes, qui piochent sans compter dans leurs réserves. Julien a le savoir-vivre des anciens du métier, toujours un mot ou une petite bière pour chacun. Aussi, Geoff Brown, Canadien trapu d'Ottawa, recruté en deuxième choix après avoir servi chez Motorola, se grattait la tête. «Il connaît tellement de monde" Mais bon, les Américains tenaient à ce qu'il y ait un mécano en chef.» Geoff, fils de coureur amateur qui émigra en Belgique dans les années 50, se dit prédestiné. «En 1977, mon père m'a emmené voir le Tour. C'était l'année où Kuiper avait gagné. Des années plus tard, j'ai travaillé pour lui, et je lui dis: "Tu me reconnais? Mais si, souviens-toi, j'étais le môme à la flamme rouge dans l'Alpe-d'Huez.» Il aime conter les concours de circonstances qui l'ont amené à ce métier après une honnête carrière d'amateur au Canada, où les vélos de race routière sont une anomal