Menu
Libération

Détours en France. Chaque jour, tranches de vie de ville-étape. Aujourd'hui: Pau. Le Triangle, constellation de la soif. Le coeur de la ville, devenue universitaire, bat dans le quartier des bars.

Article réservé aux abonnés
publié le 12 juillet 1997 à 6h09

Pau envoyé spécial

Au commencement étaient le Béarnais et le Chistera. Quelques archéologues parlent aussi de la Caravelle. Mais tous sont formels sur la configuration basco-béarnaise d'origine. Et puis, en l'espace de trois ans, dans un triangle de deux cents mètres de côté délimité par les rues Arribes, Garet et Castelnau, dix-huit autres bars se sont ouverts. Le marchand de cycles s'est transformé en Drakkar, l'électricien en Boucanier, l'épicerie exotique en Iguane. Phénomène tellement remarquable que cette configuration bistrotière est devenue, pour les Palois, le «Triangle». Mais le «Triangle des Bermudes», comme n'ont pas tardé à préciser certains fâcheux, n'est pourtant pas un lieu de perdition.

Les jeudis, vendredis et samedis soirs, c'est un lieu de fête. Trois, quatre, cinq mille personnes se pressent là, débordant des zincs et des trottoirs, un verre à la main, arpentant ce parcours de la soif en étapes courtes et lentes. En miniature, ça a un air de l'Espagne toute proche, ces rues de fête ibérique où les bars se touchent, où l'on sort de l'un pour entrer dans l'autre. Mais, si vous y passez cet été, vous ne remarquerez pas grand-chose. Car le phénomène est étudiant. Le Triangle des fêtes et des chansons, c'est avant tout le faire-part de la naissance de Pau comme ville étudiante.

Le grand réveil. La ville était figée dans les strates du temps passé. De ce lieu de villégiature apprécié des Anglais au XIXe siècle, situé sur la route menant de Cauterets la thermale à