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Libération

Dans les sacoches de l'US postal. Le quotidien de l'équipe américaine. Travelling d'Italiens

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publié le 14 juillet 1997 à 6h06

A l'heure où le troupeau quittait la mangeoire du village pour aller

s'abreuver dans les vignes du Bordelais, Adriano Baffi décida, samedi, de s'en aller respirer l'air du large. Il entama un pèlerinage à la mémoire de Pierino, son papa, qui, il y a quarante ans à Bordeaux, avait gagné une étape du Tour, au terme de l'échappée la plus longue de l'année. Evidemment, en partant de si bonne heure, ce travailleur italien devait se douter qu'il ne s'en sortirait pas forcément plus avancé, sur ce parcours secoué de pauvres aspérités. Il disait, alors qu'on le débarbouillait énergiquement après l'arrivée, qu'il n'avait pas vraiment pensé faire un coup d'éclat et refusait pudiquement qu'on célèbre avec lui un anniversaire dont nul ne savait rien. Comme une pierre qui fuse en ricochet sur l'eau avant de couler, «Adri» accueillait humblement à l'arrivée ceux qui voulaient faire de sa course une commémoration. Quelqu'un ne put s'empêcher de lui demander si son père l'avait aidé à construire sa tentative. Les dents blanches disparurent derrière des lèvres sèches pour répondre: «Mon père est mort.» Baffi ne dit rien de Pierino, qui emmenait son fils sur les virages relevés du vélodrome de Milan, pour ensuite le prendre par la main et le présenter à ces hommes qui détenaient vraiment le pouvoir de lui bâtir une carrière. Coursier de peu de mots, il n'entendait pas donner plus d'ampleur à l'accord passé avec Vanzella et Saligari, ses compatriotes d'échappée. Ce trio de trentenaires bien t