A trop tirer sur les muscles, ce sont les nerfs qui pètent. Les
conciliabules vont bon train autour des véhicules de l'US Postal. Johnny Weltz et Mark Gorski ont fait filer dare-dare leurs coureurs au massage, les pentes cruelles d'Andorre ont fini de leur brûler les sens. Pedro Celaya, le médecin, est inquiet derrière sa fine moustache, ses coureurs sont très fatigués. «Les plus maigres sont à plat. Ils manquent d'eau, la montagne les a rendus nerveux.» Les coursiers deviennent hypocondriaques; la première heure après l'arrivée, ils sont d'une humeur de chien. Il fait très lourd, et Johnny préfère s'éloigner de l'hôtel, boire une bière et éviter la propagation du malaise. Levés à 6 heures lundi pour un contrôle sanguin, ses coureurs ne sont pas rentrés à leur hôtel situé à quelque 50 kilomètres de l'arrivée avant 19h30. «Ils n'ont pas eu de massage, on a tout fait trop vite. Le temps de se doucher, de tout ranger, ils mangent vers 21 heures, en sachant qu'ils vont devoir se réveiller à 6h30 pour monter dans une voiture qui sera prise dans les embouteillages sur une petite route où le public a accès.» Mardi, tout le monde était sur les rotules. «Personne n'avait envie de tenter quoi que ce soit.» Pourtant, il a fallu freiner Robin et Meinert qui, paradoxalement, du petit matin jusqu'au Tourmalet, se sentaient d'abattre les Pyrénées d'un coup de cale-pied. «Jean-Cyril fantasmait», dit Johnny. Selon Pedro, ses hommes, à cause de trop nombreux et trop lointains transferts, aura