Saint-Etienne envoyé spécial
Il ne règne pas une ambiance à faire des calembours dans la salle à manger de la Française des jeux. L'équipe a les boules. Marc Madiot est seul dans son mobile-home. A 38 ans, le jeune directeur sportif fait l'expérience d'un premier Tour duraille. Jusqu'ici, la quasi totalité de ses coureurs ont au moins chuté une fois dans les carambolages en plaine, Vanzella a fait une escapade sans prévenir personne entre Marennes et Bordeaux, et les cols pyrénéens ont achevé Nazon qui est arrivé hors délai à Loudenvielle, attendu par son patron attendri sur la ligne. Aujourd'hui, Marc le jovial a laissé place à Marc le sombre. Lui qui, il y a deux ans encore était coureur, a entrepris un pari osé en se voyant confier un des plus gros budget du vélo français. «Quand il faut recruter d'un coup 18 coureurs, tu n'as pas une grande liberté de choix». Il ne faut pas voir là, qu'il renie ses choix. Simplement, si les plans de Madiot ont bien fonctionné dans les classiques, notamment sur Paris-Roubaix, parce qu'un coureur s'avançait quasi-naturellement pour se porter volontaire, le Tour a révélé un équipe au niveau trop homogène pour échafauder des tactiques précises. Saupoudrer le moral des troupes avec la poisse, Marc le dit comme on lit un temps sec: «On est plus dans la course pour le général». Son franc parler, qui le range plutôt du côté de ses «lapins de Garennes» que des contrebandiers du cyclisme, avait déjà causé une micro-secousse à Forges-les-Eaux. Ci