Fribourg envoyé spécial
Le véritable amateur de vélo sait qu'il faut s'approcher des voitures de presse quand elles sont arrêtées au bord de la route ou même, à l'heure ad hoc, au relais du Cochon qui dore. A travers les vitres ouvertes lui parvient alors, en même temps qu'une forte odeur d'hommes au labeur, un crachouillis de haut-parleur. Il ne faut pas s'arrêter à la qualité sonore. Ce crachouillis est précieux. C'est Radio Tour. La plus forte audience de toutes les radios. Cent pour cent de ceux qui la captent. Défilé. Radio Tour commence ses émissions le matin, une demi-heure avant le départ de la course, par un immuable: «Bonjour aux suiveurs de la xième étape du 84e Tour de France qui va nous conduire de Y à Z. Le départ fictif va être donné dans 30 minutes.» C'est jovial et encourageant. Ça devient ensuite pressant: «Départ fictif dans 15 minutes. Merci à mesdames et messieurs les suiveurs de l'avant de bien vouloir prendre leurs dispositions.» Et ainsi de suite. Radio Tour est une voix impérieuse.
C'est aussi une voix informative. Du commencement à la fin de l'étape, un journaliste dit tout ce qui se passe. La moindre crevaison, la plus infime défaillance, rien ne lui échappe. A fortiori chaque accélération et les écarts à la seconde. Ce stakhanoviste, rédige ensuite le film de l'étape pour les inattentifs, avant de s'atteler à son papier pour l'Equipe. Toutes les voix qui sortent du haut-parleur sont intéressantes. Toutes parlent de la physionomie du Tour. D'abord