Bientôt la plaine. C'est un équipage fourbu qui se laissera glisser
de la Suisse pour un retour vers la France. On le sent dans les petits pas que font les coureurs pour se déplacer du salon au restaurant. Robin, parlant de ses jambes «brûlées», laissera la place à ses équipiers, pour lesquels, paradoxalement, la course commence. L'US Postal n'a toujours pas perdu l'un des siens, mais c'est un bien faible réconfort pour une équipe noyée sous des milliers de secondes d'efforts. «L'excitation», que décrivait Georges Hincapie pour cadrer l'esprit régnant au départ de Rouen, a un peu fondu avec cette ténacité nécessaire en montagne qui use même ceux qui n'avaient pour mission que de la franchir. Aussi, s'il reste question de remporter une étape, le médecin rappelle que le confort du plat ne prévient pas des risques d'abandon. Après seize étapes, un coursier peut casser comme une courroie de frein en descente de col, sans signe préalable de danger imminent. Taillés comme des crayons, la mine entamée, les coureurs sentent l'écurie mais n'ont pas de limiteurs. La plaine est traîtresse, elle redonne aux rouleurs leurs jambes de gamins, mais l'organisme est à vif. Pascal Deramé, dont le «travail» s'est pourtant arrêté au pied des Pyrénées, vante plutôt l'obstination de ses trois équipiers américains, assurant qu'«ils ne lâcheront rien». C'est à ce point qu'intervient la force de caractère. La seule qui perdure pour se payer un tour d'honneur sur les Champs-Elysées, tandis qu'en coulis