Pour la première fois en trois années de professionnalisme, on a
fait confiance à Pascal Deramé. Il y avait bien eu cette fois où Cyrille Guimard l'avait sélectionné pour un championnat du monde, mais il l'avait prévenu la veille. Alors, ce grand brun de 26 ans à la cuisse massive, habitué à être pointé dernier de cordée, s'est fait à la précarité des coureurs de fond de peloton. Elle lui a appris à ne pas avoir le front trop près du guidon. Il accueille chacun avec le même large sourire avenant et provoque immédiatement la sympathie. Jean-Cyril Robin qui avait besoin d'un lieutenant, a taillé des ailes sur mesure à son ange gardien, l'aspirant au sein d'une équipe étrangère où il est bon de faire chambre commune avec quelqu'un à qui l'on peut, sans chercher ses mots, dire: «Ça ne va pas.» Pascal ne recense qu'une erreur dans son tableau de marche, 50 secondes perdues pour Robin à Bordeaux après une chute, et un sauvetage désespéré qui permit à son ami d'éviter un amoncellement de chair et de bicyclettes. «Lui, s'est retourné comme pour m'attendre, je lui ai crié: vas-y roule! roule!» Dès le départ, Pascal voulait faire du Tour «une course comme les autres», enterrer l'angoisse qui serre les tempes et l'abdomen. Celle qu'il a connue chez Gan, où il n'a pas disputé la moitié des grandes courses au programme de l'US Postal. Pas ingrat, il rapporte de sa peine en montagne, «qu'il faut du courage; qu'un type qui roule derrière pédale forcément plus longtemps qu'un coureur qui est