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Toujours Populidor

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Raymond Poulidor, 61 ans, VRP sur le Tour de France, soigne sa popularité en continuant de jouer son rôle de «Poupou».
Raymond Poulidor sur le Tour de France en 1997. (Photo Eric Franceschi. Divergence)
publié le 25 juillet 1997 à 5h21

Raymond Poulidor est mort ce mercredi 13 novembre 2019. En 1997, alors que l'éternel second avait raccroché son vélo vingt ans auparavant, Libération l'avait rencontré pour un portrait de dernière page, que nous republions ici.

Au sommet du col de la République, un jour de bruine du week-end dernier, dans la treizième étape de son trente-quatrième Tour de France, Raymond Poulidor passe à pied sous la banderole du trophée des Grimpeurs. Drôlement fagoté, pantalon un peu court, tennis et socquettes de gamin, blouson de baroudeur aux couleurs du sponsor, chemisette mal assortie. Il porte haut la tête, mais n'a plus tout à fait l'air d'un coureur. C'est sans importance: l'ovation est toujours la même, la «vox populidor», chère à Blondin, a de la ressource. Derrière les barrières, à droite, à gauche de la route, la foule joue des coudes et crie «Allez Poupou!» comme si elle y était encore. Les femmes font mine d'avoir des vapeurs, les hommes jurent que c'est le plus beau jour de leur vie, les enfants se mettent au diapason de l'excitation. Et Poulidor se régale. Tous les ans, il revient sur la route du Tour pour relever les compteurs d'un phénoménal engouement qui n'a jamais voulu décliner, qu'il gagne ou qu'il perde, qu'il porte l'habit de coureur ou celui de VRP. Déjà, en 1971, alors qu'un zona l'avait momentanément écarté du peloton, il avait fait le Tour tout seul. Il partait à vélo un jour avant les autres et commentait le parcours de l'étape au micro de RTL