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Libération

Les énigmes du sphinx Ullrich. Tout ce que l'on sait du vainqueur, c'est qu'il est timide, gourmand et catholique.

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publié le 28 juillet 1997 à 5h31

L'Ullrich est un champion impassible sur lequel l'effort le plus

violent ne provoque aucun signe apparent. Dans cette version course, le vainqueur est une statue, érigée du jour au lendemain, boulevard du Tour de France, en haut de la dernière côte de l'étape d'Andorre. Dans une autre version, la sueur épongée, l'Allemand venu de l'Est est un jeune homme effrayé par la foule, étonné des passions qu'il déchaîne. D'un côté ou de l'autre, pas un sourire, ou alors rapide. Timide peut-être, c'est selon la version.

Entre les deux que reste-t-il? L'épaisseur d'une vie. On en sait peu de chose. L'enfant et sa mère, surtout, furent abandonnés par le père. D'ailleurs, il y a trois autres enfants. De ce roman familial, il est probable que Jan Ullrich ne fera pas une histoire. Il est vraisemblable pourtant que, dans le désir du champion, l'absence paternelle soit un ressort important. Mais qui le sait? Tous les enfants sans père ne viennent pas cueillir des lauriers sur les Champs-Elysées. Il y a de grands écrivains comme ça, mais par eux justement on sait qu'il faut plus qu'un père absent et un freudisme sommaire pour faire un destin. De toute façon ce serait oublier la mère, et, pour un corps de champion, ça compte. Qui nous dira comment Marianne langeait ce bébé-là, comment elle partageait les caresses entre les enfants, quel loisir lui laissait pour cela son travail de secrétaire, si Jan était son préféré? Tout serait nécessaire pour approcher la véracité.

D'une façon ou d'une autre,