Sydney envoyé spécial
Une chose qui a beaucoup amusé Ian Roberts au début, c'était quand les entraîneurs du collège traitaient de femmelettes les élèves malingres et malhabiles en sport. Souvent, après avoir craché leur fiel, les entraîneurs le donnaient en exemple, lui, Ian Roberts, déjà doué, déjà costaud, déjà pugnace. Ça l'amusait, parce qu'il était aussi déjà homosexuel. Longtemps encore, Ian Roberts a joui de ses deux parts, celle que l'on voyait, celle qu'il cachait, de plus en plus avec douleur. Surtout quand il est devenu, après le collège, une star du rugby à XIII australien, pilier international de la meilleure équipe du monde.
L'histoire de Ian Roberts est celle d'un grand joueur. Né en Angleterre en 1965 dans une famille de cockneys qui émigra l'année suivante à Sydney, il commence à 4 ans à jouer au football le nom du XIII, là-bas, car il n'y existe aucune autre sorte de football. Vers 12 ans, dans son club de South Sydney, on est sûr qu'il est doué. Quand les choses commencent à devenir sérieuses, Ian Roberts est l'exemple même du jeune sportif qui empoigne à deux mains un destin de champion: intraitable sur la diététique, exemplaire sur la musculation, forcené à l'entraînement. Pas étonnant alors si, à 19 ans, il est désigné homme du match dans une finale junior puis, le lendemain, dans le match senior.
A 20 ans, il est la star de son club, porte-drapeau des quartiers populaires de Sydney, à l'époque où les clubs des quartiers chics ont le vent en poupe. Sou