New York envoyé spécial
Peu avant minuit, lors des rituelles causeries d'après-match, Michael Chang a retrouvé ses esprits et sa mine d'enfant de choeur. «La paix du Seigneur était avec moi», avance-t-il. On peut raisonnablement en douter. Un peu plus tôt, au plus chaud d'une soirée houleuse qui réconcilie pour de bon les New-Yorkais avec l'US Open, la communication avec l'au-delà semble pour le moins compliquée. Un vent frisquet descend en bourrasques entre les gradins de l'Arthur Ashe Stadium. Marmonnant pour lui-même et Dieu sait qui, Chang lève les yeux au ciel et ne rencontre qu'un bataillon de Chiliens qui s'échauffent dans les hauteurs du stade. Ils ont trouvé sur le tard des billets bon marché et, de leurs places lointaines, ne distinguent pas grand chose des coups de patte de Marcelo Rios et de l'intensité de son regard. Ça a peu d'importance. Dans les dernières longueurs du cinquième set, Flushing est un stade de football, les drapeaux du pays se déroulent dans la brise, les supporters chantent à tue-tête («Chi-Chi Chi le le le-vive Chile»), interpellent Chang au moment où il va servir, applaudissent ses rares fautes. Quant aux Américains, ils ont du mal à se décider entre le jeu flamboyant du Chilien et leur compatriote au visage de carême. Qui se laisse porter par la vague: «Ça ne m'a pas trop perturbé, dit Chang. J'ai eu l'occasion de disputer une partie contre Marcelo, l'automne dernier à Santiago du Chili, la foule était vraiment hystérique, tout entière contr