C'est l'histoire d'un Noir américain. L'histoire d'un type doué pour
l'athlétisme. L'histoire d'un homme qui allait devenir un des plus grands sportifs de tous les temps. L'histoire de Frederick Carlton Lewis, plus connu du commun des mortels sous l'appellation de «King Carl». Tout commence un jour de l'automne 1979, sur la piste du Roberston Stadium de Houston (Texas). Carl Lewis, alors âgé de 18 ans (il dépasse déjà les huit mètres à la longueur), rencontre Tom Tellez. Ce dernier, entraîneur d'athlétisme à l'université de Houston, possède un glorieux passé d'éleveurs de champions. Maîtres. Lewis, débarqué de Willingboro, près de Philadelphie, après avoir fui sa terre natale de Birmingham (Alabama), un des bastions du Ku Klux Klan, est séduit par le maître. La complicité, malgré les hauts et les bas de son poulain, ne cessera jamais. «Lewis, je l'ai formé en une année. Les autres sprinteurs, j'ai pris deux à quatre ans pour leur apprendre la technique du sprint», confesse Tellez. Le mentor ne tarit pas d'éloges vis-à-vis de sa «chose». A voir les premiers exploits sur les pistes de son jeune prodige, on le comprend. Lewis éclate vraiment à la face du monde lors des championnats du monde d'Helsinki en 1983. Il est dans sa vingt-troisième année. L'avenir semble lui appartenir. Il va lui appartenir. Aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, sur les traces de Jesse Owens, athlète noir légendaire qui avait obtenu quatre sacres à l'Olympiade de Berlin en 1936, il impose sa su