Saint-Nom-La-Bretèche, envoyé spécial
A condition de ne pas entendre par «élégance» une façon maniérée d'être et de faire, on peut considérer que Greg Norman attrape ses clubs avec élégance. On peut même considérer, dans un sport où l'esthétique n'est pas renversante, que le numéro un mondial du golf est beau quand il tient ça vigoureusement, comme on serre le manche de la cognée. Parce que le club est un outil et Norman un professionnel. Il fait son métier, au Trophée Lancôme cette fin de semaine à Saint-Nom-La-Bretèche (Yvelines), ou ailleurs.
Le public est élégant aussi. Pas une fausse note, aucune ostentation. Nature même, tellement rien ne dépare dans son apparence ou ses mots. Ce qui frappe pourtant, c'est le fossé entre les deux façons. On voit très bien ce qui sépare l'homme du métier et les amateurs éclairés.
Economie des gestes. Norman est un grand type mince, maigre peut-être, le ventre et la fesse plats, les hanches étroites. Les jambes doivent être sèches sous le pantalon qui flotte. Mais il est large d'épaules et ses bras sont noueux. Il porte un chapeau un peu ridicule de broussard australien qu'il change tous les jours. Il est de là-bas. Entre le nez et le front, il a un creux qui rend son visage de blond assez dur. Il marche vite sur le parcours, toujours le premier quasiment, d'une démarche où les épaules ne bougent pas. Là aussi, on voit que l'Australien bosse, vite fait, bien fait, l'efficacité et l'économie de gestes des gars qui connaissent leur boulot. L