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Libération
Interview

Jean-Pierre Karaquillo, juriste, directeur du Centre de droit et d'économie du sport «C'est une erreur de ne pas avoir exclu d'équipe»

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publié le 24 septembre 1997 à 8h42

Justice sportive et justice pénale ne font pas toujours bon ménage.

La justice sportive se saisit volontiers des coups sur les terrains de foot et de rugby, mais ignore encore certains délits, comme l'incitation à la haine raciale. Et elle s'accommode mal du timing entre les décisions des tribunaux et ses propres sanctions disciplinaires. Jean-Pierre Karaquillo, directeur du Centre de droit et d'économie du sport à l'université de Limoges, analyse la décision de l'ERC.

Que pensez-vous des décisions prises par l'organisatrice de la Coupe d'Europe de rugby?

L'attitude de l'ERC est très maladroite. Son autorité étant encore jeune, elle tenait l'occasion rêvée de l'asseoir en faisant respecter une morale dans le rugby. En ne sanctionnant que les fautes commises sur le terrain, elle fait une erreur. Elle aurait dû dire aux joueurs et aux équipes: «Vos comportements, après vérification, ont porté atteinte à l'image du rugby, donc on vous sanctionne.» Il ne faut pas laisser se dérouler des troisièmes mi-temps qui dégénèrent.

L'ERC se réserve la possibilité de sanctions ultérieures, après décision de la justice française, sur les incidents d'après match.

Ils n'auraient pas dû attendre. La justice pénale est saisie de coups et blessures commis par des individus. Cela n'a rien à voir. L'ERC aurait dû sanctionner cette troisième mi-temps en cela qu'elle porte atteinte à l'éthique du rugby. Un organisateur est responsable de l'environnement de la compétition qu'il organise. C'est une erreur