L aurent Jalabert n'est pas un économe. Près de huit mois de tourne-
mollets, deux classiques dans la poche au printemps, (Paris-Nice, Flèche wallonne), un Tour de France et un Tour d'Espagne en équipier modèle, il s'adjuge le championnat du monde contre la montre à Saint-Sébastien, avant d'enfiler Milan-Turin et de terminer sa dernière quinzaine, en grand diplomate, sur une victoire dans le Tour de Lombardie.
Samedi, sur un parcours qui lui convenait parfaitement (ni trop pentu ni trop roulant), Jalabert a joué du braquet sans forcer, cherchant à se maintenir parmi les six coureurs concernés par la victoire finale en Coupe du monde. En pactisant avec Michele Bartoli, de l'équipe Mapei, auquel il suffisait de terminer cinquième à Bergame pour être sacré, ils ont à eux deux phagocyté une course qui s'est déliée à l'approche du sommet du Gallo, dernière difficulté du tracé.
Pacte. Conscient du risque de tenter une échappée solitaire, il s'est relevé malgré une avance substantielle, pour attendre Bartoli, Lanfranchi, Casagrande, tirés par Tafi. A la jonction, en l'absence des ennemis plus dangereux de Bartoli, une poignée de main scellait l'affaire. Bartoli, ne doutant pas une seconde de la parole donnée par Jalabert, savait dès lors qu'il terminerait dans les points, et que «Jaja» franchirait la ligne le premier dans un sprint où il n'avait qu'à battre Lanfranchi, le coéquipier du futur vainqueur de la Coupe du monde. «Pendant la course, quand j'ai été averti que trois coureurs s