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Libération

Isabelle Autissier, accompagnatrice de la Mini-Transat, nous écrit. «Cette quête du vent, inutile et magnifique».

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publié le 3 novembre 1997 à 13h12

La deuxième étape de la Mini-Transat, course en solitaire avec

escale et assistance, mène les 43 rescapés (sur 52 partants), de Ténériffe à Fort-de-France. Hier, le Rennais Thomas Coville, 28 ans, skipper de Zurich, menait la flottille, qui s'impatientait dans des calmes persistants. Il est talonné par le Britannique Mark Turner sur Carphone-Warehouse. Isabelle Autissier, qui s'est révélée dans cette course, il y a tout juste dix ans, participe à nouveau à cette Transat, comme accompagnatrice. Correspondante de Libération lors du Vendée Globe, elle renoue ici avec l'épistolaire.

Une semaine déjà. La course est installée. Je les sais, chacun dans la chaleur écrasante de son cockpit, la barre dans une main, l'écoute de spi dans l'autre, depuis ce matin" jusqu'à ce soir" et demain encore, concentrés jusqu'à l'hypnotisme sur la chute de la voile. Quand le corps machinal corrige le cap ou lâche un peu d'écoute, la tête batifole: c'est la rengaine de la course; d'où va revenir le vent? Ai-je raison de m'obstiner dans ce bord vers le Sud? Où est ce Satan d'Untel qui est encore trop proche de moi au classement de la première étape?

«L'incertitude est la gangrène de l'esprit. Les marins d'antan priaient ou invoquaient le sort. Eux savent qu'ils ne doivent rien qu'à eux-mêmes. C'est une belle mais angoissante responsabilité. Ils l'ont voulu, ils assument. Ils se maudissent jusqu'aux larmes pour une manoeuvre ratée, une option météo mal jouée" trop tard. Au jeu de la course au large, on