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Libération

Le rugby sud-africain, encore un pied dans l'apartheidSi sur le terrain le jeu évolue, rien ne change du côté des structures.

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publié le 15 novembre 1997 à 12h16

Lyon envoyé spécial

Qui n'aime que les visions idéales devrait refermer le livre du rugby sud-africain à l'année 1995 et corner la page où Nelson Mandela, président noir portant le maillot des Springboks, félicite son équipe blanche qui vient de conquérir le titre mondial face aux All Blacks. C'est la meilleure façon d'ignorer que le rugby d'Afrique du Sud a mal digéré ce sacre au même titre que la fin de l'apartheid.

D'abord parce que les All Blacks frustrés se sont empressés de rectifier l'ordre hiérarchique, à la première occasion. Depuis 1996, les Springboks n'ont battu qu'une seule fois les Néo-Zélandais. Pire, cette année dans les Tri-Series, qui opposent Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande en matchs aller-retour, les Sud-Africains n'ont remporté qu'une seule victoire face à l'Australie, de belle manière à vrai dire, 61-22. Mais ils ont perdu aussi la série de tests contre les Lions britanniques et n'ont pas réussi à qualifier une province en finale du Super 12 (championnat des provinces de l'hémisphère sud). Un bilan assez négatif au total, qui a plongé le rugby sud-africain dans la mélancolie. L'engouement du public en a pris un coup et la fréquentation des stades a baissé.

Comme pour tirer un trait sur ce sombre bilan, en septembre dernier le gouvernement sud-africain est parti à l'assaut de ce qu'on appelle là bas «le dernier bastion de la vieille Afrique du Sud», à savoir l'establishment afrikaner qui persiste aux commandes de la South African rugby footb